En Suisse, 615 000 personnes sont touchées par la pauvreté, dont 108 000 enfants. La pauvreté ne se résume pas à un manque d’argent, elle affecte de multiples manières la vie des personnes concernées. La pauvreté n’est pas non plus un problème purement individuel, c’est un problème social. Si des couches entières de la population n’ont pas les moyens de mener une vie décente, les risques de marginalisation, de délinquance et de désagrégation sociale augmentent, ce qui occasionnera des coûts notables pour la société. C’est pourquoi la Confédération, les cantons, les villes et les communes ont pour devoir de prévenir la pauvreté et de la combattre efficacement.
On peut certes considérer le grand nombre de pauvres en Suisse comme une expression de l’échec des mesures de lutte contre la pauvreté. Les chiffres montrent que des efforts supplémentaires doivent être consentis. En même temps, nous ne devons pas oublier qu’en dépit des profonds changements économiques et sociaux de ces dernières années, cela fait plus des décennies que le taux de pauvreté est plus ou moins stable en Suisse. Au cours des dernières décennies, de nombreux acteurs ont pris des mesures ou amélioré celles qui étaient en place afin d’encourager l’intégration sociale et économique et de prévenir ou de réduire la dépendance à l’égard des prestations sociales.
Alors, pourrait-on se demander, à quoi bon déployer de nouveaux efforts et pourquoi la Confédération doit-elle poursuivre son engagement ? En premier lieu, la Confédération est en mesure de diffuser les expériences positives des acteurs cantonaux ou locaux auprès d’un large public de spécialistes. C’est précieux car, c’est en tirant les leçons des échecs et des réussites du passé que l’on peut progresser. La Confédération peut promouvoir l’échange d’informations entre les acteurs et contribuer ainsi à la coordination et à l’optimisation des mesures. Elle peut aussi agir comme catalyseur en ouvrant une discussion scientifiquement fondée sur les mesures à prendre dans des domaines qui n’ont pas suffisamment été explorés. Ces cinq prochaines années, la plateforme nationale de lutte contre la pauvreté s’attellera à cette tâche. La société et l’économie poursuivront leur mue, multipliant les défis posés par l’intégration sociale et économique des personnes vulnérables. La plateforme nationale contribuera à relever ces défis et à trouver les bonnes réponses.