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HomeDossiersLe travail à temps partiel : défi pour la sécurité socialeToujours plus de temps partiels, avec des différences marquées

Toujours plus de temps partiels, avec des différences marquées

Près de 40 % des personnes actives occupées en Suisse travaillent à temps partiel. Les différences en fonction de l’âge, du sexe et de la profession sont toutefois considérables.
Silvia Perrenoud
  |  08 décembre 2025
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Le travail à temps partiel est particulièrement fréquent dans le secteur de la vente. Supermarché à Appenzell. (Keystone)

En un coup d’œil

  • Si les femmes sont nettement plus nombreuses à travailler à temps partiel, l’augmentation des temps partiels est toutefois plus marquée chez les hommes.
  • Trois branches du secteur tertiaire affichent un taux de travail à temps partiel particulièrement élevé : l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale, et les autres activités de service.
  • Les raisons du travail à temps partiel varient fortement en fonction du sexe : la garde des enfants domine chez les femmes, la formation, la formation continue ou le manque d’intérêt pour le travail à plein temps prévalent chez les hommes.

Le temps partiel fait désormais partie intégrante du marché du travail. Les personnes actives occupées sont de plus en plus nombreuses à travailler à un pourcentage réduit. Mais qu’entend-on par travail à temps partiel ?

La statistique publique suisse considère tous les taux d’occupation inférieurs à 90 % comme du travail à temps partiel. Sur le plan international, en revanche, et notamment chez Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, tous les taux d’occupation inférieurs à 100 % sont considérés comme des temps partiels. C’est donc cette définition qui est appliquée lorsqu’on procède à des comparaisons entre pays européens.

Augmentation plus marquée chez les hommes

D’après l’enquête suisse sur la population active (ESPA), 1,9 million de personnes exerçant une activité professionnelle travaillaient à temps partiel en 2024 (OFS 2025). Entre 1991 et 2024, le taux des personnes actives occupées à temps partiel a augmenté de 13 points de pourcentage, atteignant désormais 39 %. En 2024, les femmes étaient presque trois fois plus nombreuses (58 %) à travailler à temps partiel que les hommes (21 %), mais c’est chez les hommes que l’augmentation était plus marquée. En outre, l’augmentation chez les femmes concerne uniquement les taux d’occupation compris entre 50 et 89 %. Chez les hommes, les taux d’occupation inférieurs à 50 % ont également augmenté.

Outre les différences liées au sexe, le taux de travail à temps partiel varie également en fonction de l’âge. En effet, le travail à temps partiel augmente avec l’âge : alors que 28 % des 15 à 24 ans travaillent à temps partiel, cette part atteint 43 % chez les 55 à 64 ans (voir graphique 1). Les taux d’occupation inférieurs à 50 % sont plus répandus chez les 15 à 24 ans que dans les autres groupes d’âge.

Les personnes qui exercent une activité professionnelle au-delà de l’âge de référence travaillent rarement à plein temps : parmi les personnes actives occupées de 65 ans ou plus, 86 % travaillent à temps partiel, souvent à des taux d’occupation faibles.

On constate également des différences marquées en fonction de la profession exercée. Le travail à temps partiel est particulièrement répandu chez le personnel de service et de vente et dans les professions élémentaires : dans ces deux grands groupes de professions, plus de la moitié des personnes actives travaillent à temps partiel (voir graphique 2). Les personnes exerçant une profession intellectuelle ou scientifique, ou encore un travail administratif, sont également nombreuses à travailler à temps partiel (plus de 40 %).

En revanche, le travail à temps partiel est plus rare parmi les conducteurs d’installations et les métiers de l’assemblage, ne concernant qu’environ 20 % des personnes actives occupées dans ces professions. C’est dans les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat que le travail à temps partiel est le moins répandu, atteignant 15 %.

On retrouve une répartition similaire en fonction des branches économiques. Le travail à temps partiel est le plus répandu dans le secteur tertiaire : dans les branches « autres activités de services », « enseignement » et « santé humaine et action sociale », environ 60 % des personnes actives occupées travaillent à temps partiel (OFS 2025 : 4). Ces branches présentent les taux les plus élevés de temps partiel tant chez les femmes que chez les hommes. En revanche, des taux nettement inférieurs s’observent dans la branche de la construction, avec un taux de 16 %, et dans la branche « industrie manufacturière, industries extractives et autres », où ce taux s’élève à 18 %.

Par ailleurs, les salariés avec fonction dirigeante sont bien moins nombreux à travailler à temps partiel que les salariés sans fonction dirigeante (24 % contre 46 % ; OFS 2025 : 4). Les femmes exerçant une fonction dirigeante sont 44% à travailler à temps partiel, alors que chez les hommes avec fonction dirigeante, la part correspond à 11%.

La part du temps partiel chez les salariés sans fonction dirigeante s’élève à 65% chez les femmes et à 24 % chez les hommes. On constate également des différences dans la répartition des taux d’occupation : les taux inférieurs à 50 % sont moins répandus parmi les salariés exerçant une fonction dirigeante.

En outre, les personnes travaillant à temps partiel exercent plus souvent plusieurs activités lucratives. Alors que 15 % des personnes actives occupées à temps partiel exercent plus d’une activité professionnelle, cette part s’élève à 4 % seulement chez les personnes actives occupées à plein temps.

Le temps partiel féminin surtout lié à la garde d’enfants

Les motifs à l’origine du travail à temps partiel divergent fortement en fonction du sexe. En 2024, les femmes invoquaient le plus souvent la garde des enfants (32 %) comme raison principale. Les hommes, en revanche, n’étaient que 12 % à avancer cette raison. Les femmes étaient également plus nombreuses (12 %) à alléguer d’ « autres responsabilités familiales ou personnelles » que les hommes (4 %).

En revanche, les hommes motivaient leur temps partiel par une formation initiale ou continue presque deux fois plus souvent que les femmes (14 % contre 8 % chez les femmes). Par ailleurs, la part des personnes qui ne sont pas intéressées par un travail à plein temps est légèrement plus élevée chez les hommes (19 %) que chez les femmes (17 %). Le fait de ne pas avoir trouvé d’emploi à plein temps est également cité un peu plus souvent par les hommes que par les femmes.

La situation familiale, un facteur déterminant

Le comportement concernant l’activité professionnelle des couples diffère en fonction de la situation familiale. Chez les couples sans enfant de moins de 25 ans, les deux partenaires travaillent à plein temps dans plus de la moitié des cas (55 %) (voir graphique 3). Dans 20 % de ces couples, l’homme travaille à plein temps et la femme à temps partiel. Chez seulement 5 % de ces couples, les deux partenaires travaillent à temps partiel.

Chez les couples avec enfants (dont l’enfant le plus jeune a moins de 25 ans), le modèle selon lequel l’homme travaille à plein temps et la femme à temps partiel est le plus répandu (50 %). L’âge du plus jeune enfant est décisif quant au taux d’occupation de la femme : plus le dernier enfant est âgé, plus la part des femmes qui travaillent entre 50 et 89 % augmente. Chez seulement 16 % des couples avec enfant, les deux parents travaillent à plein temps, et chez 9 % les deux travaillent à temps partiel.

Chez 4 % des couples sans enfant, l’homme travaille à plein temps, alors que la femme n’exerce aucune activité professionnelle. Cette part s’élève à 13 % chez les couples avec au moins un enfant de moins de 25 ans. Ici aussi, l’âge du plus jeune enfant est déterminant : ce modèle concerne 16% des couples avec un enfant âgé de 0 à 3 ans, 11% des couples dont l’enfant le plus jeune a entre 4 et 12 ans (11 %), et 9 % dont l’enfant le plus jeune est âgé entre 13 à 24 ans.

La Suisse, deuxième derrière les Pays-Bas

En comparaison européenne, le travail à temps partiel est largement répandu en Suisse. En 2024, 42 % des personnes actives occupées en Suisse travaillaient à temps partiel selon la définition européenne du temps partiel (taux d’occupation inférieur à 100 %). Seuls les Pays-Bas affichent un taux légèrement supérieur avec 43 %. Dans l’Union européenne, la moyenne s’élève à 19 %.

Dans les pays voisins, en Autriche et en Allemagne, près d’un tiers des personnes actives occupées travaillent à temps partiel, en France et en Italie, cette part s’élève à 20 % seulement. En Bulgarie, en Roumanie et en Croatie, le travail à temps partiel est très peu répandu avec un taux inférieur à 4 %. À l’exception de la Roumanie, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel que les hommes (voir graphique 4).

Collaboratrice scientifique, section « Travail et rémunération », Office fédéral de la statistique (OFS)
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