Selon l’Office fédéral de la statistique, près de 600 000 personnes sont touchées par la pauvreté en Suisse. Les causes de la pauvreté sont multiples. L’absence de formation qualifiante, une biographie ou une situation familiale difficiles, des problèmes de santé ou l’endettement peuvent déboucher sur une existence au-dessous du seuil de la pauvreté. Le manque de ressources matérielles n’est qu’un des visages de la pauvreté. Une participation sociale insuffisante, qui concerne bien des personnes économiquement défavorisées, ou un logement inadéquat sont d’autres manifestations de ce phénomène.
L’aide sociale et les prestations financières versées par les assurances sociales ont pour objectif de garantir le minimum vital et d’éviter qu’une personne ne sombre dans la misère. Quant à elle, la prévention de la pauvreté vise à favoriser la participation sociale et l’intégration professionnelle des personnes concernées en leur permettant de gagner un revenu suffisant et de mener une vie autonome. En Suisse, des mesures de soutien et d’intégration sont déployées à tous les échelons étatiques et dans divers domaines – éducation et formation professionnelle, assurance-invalidité ou assurance-chômage, aide sociale ou entraide des organisations privées, pour n’en citer que quelques-uns. Cette pluralité de systèmes, d’acteurs et de compétences ne facilite pas la vue d’ensemble et a tendance à entraver l’échange entre les acteurs.
C’est la principale raison qui a incité le Conseil fédéral à adopter le Programme national de prévention et de lutte contre la pauvreté. Lancé en 2014, il durera cinq ans et sera réalisé conjointement par la Confédération, les cantons, les villes, les communes et plusieurs organisations privées. Le programme n’affecte pas la répartition des compétences. Il s’est fixé pour objectif de répertorier les connaissances en matière de prévention de la pauvreté, de donner des impulsions à la lutte contre la pauvreté, de mettre en réseau les acteurs et d’encourager la collaboration. Un de ses principaux points forts est le renforcement des opportunités de formation. A cette fin, l’accent est placé sur l’encouragement précoce des enfants, la consolidation des liens sociaux des parents socialement défavorisés pour les aider à mieux encadrer leurs enfants pendant la formation et lors du choix d’une profession, la formation professionnelle initiale et la formation continue des adultes, ainsi que l’aide à la recherche d’un emploi ou d’une place de travail protégée. Enfin, la prévention de la pauvreté a pour but d’améliorer la situation globale des personnes concernées, p. ex. en trouvant un meilleur logement ou en stabilisant les finances des familles touchées ou menacées par la pauvreté.
Ce numéro de la CHSS est consacré aux travaux accomplis à ce jour dans le cadre du programme. Les acteurs pourront tirer quant à eux un premier bilan à l’occasion de la conférence nationale sur la pauvreté qui se tiendra le 22 novembre 2016 et qui traitera aussi l’orientation de la seconde partie du programme.