En un coup d’œil
- Armanda Berri, une Grisonne atteinte dans sa santé, a terminé avec succès une formation d’employée de commerce CFC en 2021.
- Le modèle de formation était adapté aux besoins spécifiques de la personne concernée.
- L’adolescente a trouvé du soutien au sein de son réseau privé et professionnel.
À l’âge de 15 ans, la vie d’Armanda Berri bascule brusquement. Un grave accident à la ferme de ses parents va temporairement immobiliser l’existence de la Grisonne. Ses deux jambes doivent lui être amputées. Ce drame impose à la jeune fille de relever plusieurs défis : elle doit se battre pour améliorer sa santé, renoncer à devenir agricultrice et se réorienter complètement. Et tout ça sous des auspices difficiles, car son accident impactera son quotidien pour le reste de sa vie. Âgée aujourd’hui de 24 ans, elle a toujours besoin de cannes dès qu’il s’agit de marcher longtemps.
Disons-le d’emblée : Armanda Berri est une combattante silencieuse. Plutôt que d’abandonner, elle relève les défis qui se présentent à elle. Aujourd’hui, Armanda Berri travaille en tant qu’employée de commerce CFC qualifiée et peut se targuer d’une réadaptation professionnelle remarquable. « Bien sûr, faire un apprentissage dans ma situation a été un challenge. Il y a eu des hauts et des bas. Mais je suis très contente d’avoir pu faire cette formation d’employée de commerce CFC, car aujourd’hui je mène une vie autonome », explique Armanda Berri.
Des trajets courts, des taux d’occupation flexibles
La réorientation commence par l’évaluation des apprentissages possibles et la recherche d’une entreprise formatrice adaptée. Un spécialiste de la réadaptation de l’office AI ainsi qu’un coach professionnel externe l’accompagnent dans ce processus. Le choix du lieu de formation constitue un facteur clé. « J’avais besoin de trajets courts », explique Armanda Berri en ajoutant : « L’entreprise formatrice, l’école professionnelle, la physiothérapie et le logement devaient être facilement accessibles pour moi. » L’hôpital de Davos remplit ces conditions et devient son entreprise formatrice. En même temps, cette étape implique de quitter le foyer familial et de gérer le quotidien de manière autonome.
Un autre facteur de réussite est la flexibilité de la formation. Armanda Berri peut effectuer son apprentissage suivant un taux d’occupation de 80 %. « J’avais régulièrement des séances de physiothérapie ; la formation et mes tâches quotidiennes me demandaient beaucoup d’énergie », se souvient-elle. L’adaptation du taux d’occupation lui a permis de concilier ses besoins en matière de santé et les exigences de sa formation.
Une personnalité plus forte grâce à un large soutien
Pour Armanda Berri, il est indispensable de bénéficier du soutien d’un réseau solide. « Un environnement motivant et le fait de savoir que je peux compter sur le soutien de personnes-clés » sont à ses yeux une aide essentielle. Dans sa situation, suivre une formation est tout sauf simple. Les parents, les responsables de la formation, le spécialiste de la réadaptation de l’office AI et le coach professionnel ont formé autour d’elle un robuste système de soutien.
Armanda Berri accorde une importance particulière au suivi proposé par son coach professionnel et financé par l’assurance-invalidité. « Je savais qu’en cas de problème, j’avais un interlocuteur externe », dit-elle. Ces entretiens l’ont souvent mise à rude épreuve ; elle a dû apprendre à mettre des mots sur les problèmes, à les communiquer et à participer à la recherche de solutions. En rétrospective, elle considère cette confrontation comme une étape décisive dans le développement de sa personnalité, lui permettant de persévérer et de rester motivée.
Intégration progressive
Une intégration progressive au monde du travail grâce à un stage préalable facilite la transition pour Armanda Berri : « Le stage m’a permis de commencer à me familiariser avec le fonctionnement d’une entreprise et la vie professionnelle », dit-elle avec le recul. Elle a commencé à travailler à 40 %, puis elle a progressivement augmenté son taux d’occupation. Cette approche progressive lui a permis d’adapter les processus de travail à ses capacités physiques tout en relevant les défis d’une vie autonome.
Environnement sûr
Que l’entreprise formatrice ou l’employeur offre un environnement sûr est un autre facteur de réussite aux yeux d’Armanda Berri. Ce facteur nécessite d’une part une communication ouverte et d’autre part une collaboration fiable entre l’entreprise formatrice, Armanda et ses parents ainsi que le spécialiste de la réadaptation et le coach professionnel de l’AI.
Une bonne communication permet d’identifier rapidement les domaines d’activité individuels ainsi que les obstacles éventuels, tels que les tâches qu’Armanda Berri ne peut pas accomplir en raison de son accident. C’est dans ce contexte qu’elle estime que la transparence et l’acceptation au sein de l’équipe sont importantes. Il faut par exemple comprendre qu’elle ne peut pas aller aussi vite que les autres. Qu’avec des cannes, elle ne peut pas transporter des classeurs d’un point A à un point B. Qu’elle était régulièrement absente de son lieu de travail et que son humeur était parfois maussade ; Armanda Berri explique que ça n’a pas non plus été évident pour ses collègues.
Aujourd’hui, Armanda Berri est une jeune femme indépendante et autonome. Elle travaille à l’administration des patients d’une clinique et elle a son propre appartement. Elle n’a plus besoin d’une rente AI.
L’histoire d’Armanda Berri montre que, pour réussir, la réadaptation professionnelle des personnes atteintes dans leur santé implique un processus complexe qui doit être adapté à chaque situation individuelle. La réadaptation requiert de la flexibilité, un réseau de soutien et la disposition de tous les acteurs concernés à explorer de nouvelles voies.