Les villes s’engagent contre la pauvreté aux côtés de la Confédération

La Confédération a adopté le plan d’une structure nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, une décision particulièrement réjouissante pour les villes suisses. Cette nouveauté au niveau fédéral renforce l’efficacité de la lutte contre la pauvreté et améliore la coordination entre les divers acteurs. Grâce à elle, les villes peuvent intensifier leur action.
Franziska Ehrler
  |  14 janvier 2025
    Opinion
  • Pauvreté

La pauvreté est un problème majeur pour les villes, car elle s’exprime plus rapidement et plus fortement dans l’espace urbain, que ce soit au travers du nombre plus élevé de bénéficiaires de l’aide sociale, d’une plus grande demande de distribution de repas ou encore d’un nombre plus important de sans-abri. En outre, dans de nombreux cantons, l’aide sociale est du ressort des villes.

Pour lutter efficacement contre la pauvreté, les différents piliers du système de sécurité sociale doivent être bien coordonnés. La Confédération joue ici un rôle crucial, puisqu’en engageant judicieusement des ressources, elle promeut l’échange et la coordination des acteurs dans l’ensemble du pays et lance des impulsions à l’échelle nationale. C’est un rôle qu’aucun autre acteur ne peut assumer. Les villes ont donc été associées dès le départ au programme fédéral de lutte contre la pauvreté.

En juin 2024, un rapport d’évaluation a confirmé l’efficacité de la Plateforme nationale contre la pauvreté. Mais il a aussi montré que son potentiel n’était pas entièrement exploité. L’Union des villes suisses salue donc l’adoption par le Conseil fédéral avant Noël du plan d’une structure nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, permettant ainsi de faire évoluer les structures.

Un cycle politique bien coordonné

Avec le monitoring de la pauvreté, mis sur les rails en 2021 déjà, les mandats formulés en 2024 pour la poursuite de la plateforme et l’élaboration d’une stratégie nationale, le Parlement a posé des jalons importants. Le plan du Conseil fédéral les réunit désormais en un ensemble ciblé.

Le monitoring de la pauvreté est la base pour faire avancer la lutte contre la pauvreté. Il fait passer le rapport sur la pauvreté en Suisse à un niveau supérieur et fournit les fondements et les faits nécessaires pour une stratégie fondée de prévention et de lutte contre la pauvreté. Cette stratégie nationale globale permet d’identifier des objectifs et des possibilités de coordination supplémentaires aux trois échelons de l’État ainsi qu’avec la société civile. Elle donnera le ton pour les activités de la plateforme, qui y trouveront une assise stratégique reposant sur des données solides.

Outre les faits et la stratégie, l’expérience des personnes concernées est un élément important pour la mise en place d’activités ciblées, ce à quoi le Conseil pour les questions de pauvreté peut contribuer en sa qualité d’organe participatif. La participation est cruciale pour les villes, et le fait que la structure nationale joue un rôle de précurseur leur permet de bénéficier des expériences faites par d’autres.

Pauvreté des familles et non-recours dans le viseur

L’idée et les thèmes envisagés pour les programmes de travail de la Plateforme contre la pauvreté semblent aller dans le bon sens. Les villes se réjouissent particulièrement qu’il soit question de lancer des impulsions plus importantes sur le plan de la pratique, en soutenant davantage les cantons, les villes et les communes qui mettent en place des projets pilotes.

Les villes approuvent en outre les thématiques prioritaires choisies pour la période transitoire qui nous sépare du premier programme de travail. La pauvreté des familles et le non-recours aux prestations sociales les préoccupent plus spécifiquement. En effet, les conséquences sociales et financières de la pauvreté sont particulièrement graves lorsque, du fait du non-recours aux prestations, celle-ci n’est pas contrée. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’enfants touchés par la pauvreté et l’exclusion et que, dans le pire des cas, la pauvreté se transmet de génération en génération. D’une manière générale, les ressources allouées à la Plateforme par la Confédération seront déterminantes pour son efficacité. Les villes comptent pour cela sur le mandat du Parlement de doter la Plateforme de ressources suffisantes d’ici à 2030.

Renforcement de l’engagement des villes

Étant particulièrement concernées, les villes investissent beaucoup dans la prévention et la lutte contre la pauvreté. Elles s’engagent notamment dans le domaine de la petite enfance afin d’améliorer l’égalité des chances et de la formation. En matière d’aide sociale, elles conseillent et soutiennent les personnes concernées dans l’optique de leur permettre d’échapper durablement à la pauvreté. Elles tentent en outre de nouvelles approches, par exemple, les aides de transition mises en place par la ville de Berne et destinées aux personnes qui n’ont pas ou difficilement accès à l’aide sociale.

L’Union des villes suisses, avec l’Initiative des villes pour la politique sociale, renforcera son engagement dans le cadre de la structure nationale. Nous apporterons l’expertise des villes dans les différents comités et nous engagerons pour la réalisation commune de projets et de manifestations.

L’Union des villes suisses et l’Initiative des villes jouent déjà un rôle important de multiplicateur et réfléchiront à la manière dont celui-ci pourra être renforcé. En outre, elles mettent pour la première fois à disposition, dans la mesure de leurs possibilités, des moyens financiers pour intensifier la collaboration entre la Confédération et les villes dans le cadre des programmes de travail et favoriser les projets communs. L’Union des villes suisses se réjouit de développer et de renforcer la structure nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté en collaboration avec les autres intervenants.

« Point de vue » est un format permettant à des organisations extérieures à l’administration fédérale d’exposer leur opinion. Leur avis peut différer de celui du Conseil fédéral.

Responsable Questions sociales, Union des villes suisses
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