Il y a trois mois, dans le dernier éditorial, je soulignais l’importance de l’État social pour garantir la cohésion sociale et la prospérité. J’évoquais son rôle dans la définition des règles d’une solidarité qui permette aux différents groupes de la population de se prémunir mutuellement contre les risques économiques, sociaux et sanitaires.
Depuis, la pandémie de COVID-19 a contraint les responsables politiques à prendre en urgence des décisions déterminantes pour garantir à la population des revenus de substitution. L’assurance-chômage et l’allocation pour perte de gain palliant les conséquences de l’interdiction de travailler ou l’obligation de garde d’enfants ont été les instruments principaux de cette solidarité.
Pour l’administration, l’élaboration de législations d’urgence ciblées et de procédures de mise en œuvre simples et rapides, tout en évitant les abus et effets d’aubaine, fut un véritable défi. Le relever ne va pas de soi. D’autant plus que les expériences sont rares, les bonnes pratiques aussi, chaque crise étant particulière. Les collaborateurs des diverses administrations fédérale, cantonales et communales, dont l’OFAS, de même que tous les milieux économiques, sanitaires et sociaux ont assumé la double tâche d’assurer les affaires courantes et d’initier des mesures de crise.
Pour ce faire, la Suisse a profité des compétences, de l’expérience et de l’engagement de ses administrations, sans lesquelles ces exercices auraient été impossibles. La population a pu vérifier qu’une administration de haut niveau est une chance et non seulement une charge.
Ainsi, en matière de politique sociale, la Confédération a :
- élaboré une nouvelle législation sociale (allocation pour perte de gain Corona), en collaboration avec les caisses de compensation ;
- soutenu financièrement les crèches, avec les cantons ;
- aménagé la LPP (utilisation des réserves de cotisations) ;
- adapté le fonctionnement de l’assurance-invalidité ;
- aménagé les prestations en cas de l’assurance-chômage ;
- mis sur pied des soutiens financiers pour les milieux de la culture.
Certaines mesures ont ensuite été complétées et révisées. Plusieurs milliards de francs ont été investis. Et puis, au sein de chaque office, les états-major de crise ont assuré l’organisation des activités et développé notamment le travail à domicile. Ce fut un défi de taille que de permettre aux infrastructures de garantir la mise en œuvre des décisions politiques dans une situation particulièrement complexe.
La pandémie aura donc permis, en quelques semaines : d’identifier les lacunes du système sanitaire et de protection sociale ; de mettre en évidence les limites du fédéralisme, mais aussi ses chances ; de repenser notre capacité à gérer les situations de crise ; d’apprécier la capacité des institutions à répondre à des besoins urgents par l’extension des systèmes et des infrastructures existantes.
Il nous incombe désormais de tirer les enseignements de cet épisode extraordinaire et de fournir aux politiques les instruments nécessaires à la réduction des risques futurs.